Bassin Bleu est très facile à visiter depuis Jacmel, la capitale culturelle d’Haïti qui s’étire le long de la côte azur, ses rues en quadrillage à peine visibles dans la brume matinale lorsqu’on gravit les routes de montagne recouvertes de gravier.
Cuenca azul es muy fácil de visitar desde jacmel, la capital cultural de Haití que se extiende a lo largo de la costa azul, sus calles en la cuadrícula apenas visibles en la bruma de la mañana cuando se subió las carreteras de montaña cubiertas de grava.
Le troisième reportage de notre polyptyque consacré aux enjeux touristiques d'une Haïti post-séisme s'arrête à Bassin Bleu avec ses cascades bleu cobalt, mais aussi dans la belle rue du Commerce, dont les couleurs font penser à la Bourbon Street de la Nouvelle-Orléans.
Six ans après le séisme qui frappa Haïti le 12 janvier 2010, Caterina Clerici et Kim Wall, deux journalistes indépendantes, ont visité le pays le temps de quatre chapitres géographiques et thématiques, afin de comprendre comment le tourisme peut définitivement transformer le pays – pour le meilleur ou pour le pire. Ce projet a été financé par le European Journalism Center, aux Pays-Bas.
Bassin Bleu, qui porte bien son nom, est d’un bleu cobalt profond et hypnotique. Les nymphes des eaux qui, paraît-il, vivent dans ses grottes fuient dès qu’elles entendent le pas d’un humain, mais le majestueux silence est à peine perturbé par un homme solitaire qui nage dans l’eau fraîche. Tout au fond vivent des sirènes, dit la légende : il arrive que les hommes vierges qui y plongent ne refassent plus jamais surface. Un crayon gras est accroché à la paroi rocheuse déjà recouverte d’initiales délavées, de graffitis et de mots d’amour. Isabella et Carl Jean, couple en maillots de bain venu de Port-au-Prince, inscrivent leurs noms. Si les cascades ont toujours été une destination sacrée pour les vaudouisants, eux viennent dans le cadre d’un autre genre de pèlerinage : c’est la dernière étape de leur circuit d’exploration des sites les plus spectaculaires d’Haïti avant de retourner à la ville.
«Ce sont des merveilles du monde» s’extasie Carl, professeur d’anthropologie. «A cause de l’image qu’on nous en montre, les gens de l’extérieur qui veulent venir à Haïti réfléchissent à deux fois avant d’acheter un billet et encore plus avant de monter dans l’avion. Mais Haïti n’est pas comme ça.»
Bassin Bleu est très facile à visiter depuis Jacmel, la capitale culturelle d’Haïti qui s’étire le long de la côte azur, ses rues en quadrillage à peine visibles dans la brume matinale lorsqu’on gravit les routes de montagne recouvertes de gravier. Pour l’instant, la plupart des visiteurs sont des adolescents de villages voisins qui viennent pour échapper à la chaleur gluante de l’été. Des blancs finissent par apparaître : c’est un groupe de lycéens d’une école catholique d’Angleterre. Il n’a pas été facile de convaincre les parents, admet le principal : le voyage n’a pas été approuvé sans réserve. «Je m’attendais à ce que ce soit plus négatif que ça ne l’est en réalité, s’étonne le frère Francis Pattinson. Même si la situation politique m’inquiète toujours.» Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) cependant, le taux de morts violentes en Haïti figure parmi les moins élevés des Caraïbes – moitié moins qu’en République dominicaine, et un quart de moins qu’en Jamaïque. La réputation de dangerosité du pays rend Carl Jean, qui a vécu à Atlanta, plutôt perplexe. «Je dois avouer que j’ai plus peur quand je voyage aux Etats-Unis à cause des gangsters que quand je suis à Haïti.»
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